L’Entente était une nouvelle fois au rendez-vous des ateliers des ETS pour illustrer le fil rouge de cette année : « Expérience usager, espérance démocratique ». Avec l’active collaboration de l’ADT INET et de l’AITF, l’ANDASS a conçu une rencontre avec Patrick JAUBERT, DGA « Aménagement » de la Métropole Toulon Provence Méditerranée,   Mireille PILLAIS, directrice sociale de territoire de la DASES à la Ville de Paris et sa coordinatrice sociale de territoire pour le 19ème arrondissement, Fanny PIESSEAU et Cécile DUPRE LATOUR responsable Start up de territoire Alsace, ex responsable du laboratoire des partenariats d’Alsace active. Marie Automne THEPOT, Chargée de mission innovation sociale et organisation à la mairie de Paris, a assuré avec brio l’animation de ce moment de partage.

L’aménagement de la salle en deux demi cercles qui se sont face, entourant une matrice centrale dans laquelle évoluent les intervenants, donnait le la d’une rupture avec les formes conventionnelles d’échange. Nous sommes à l’ère de la co-construction.

De la ville marchande au laboratoire social

C’est dans cet esprit que Patrick JAUBERT nous a raconté la Ville de demain en développant l’intérêt d’une participation citoyenne au projet urbain. La configuration de la ville marchande ne permet pas d’intégrer le besoin citoyen. Si l’exemple de la cité Arlequin à Grenoble créée en 1972, très bien reliée à la ville centre sans effet ghetto, a été un temps le symbole de la  réussite de la mixité sociale, force est de constater que ce vaste cercle d’immeubles, organisés autour de grands espaces verts, avec des  parties communes décloisonnées pour faciliter les échanges, des structures publiques à pédagogie alternative, a été dans le tournant des années 90 dans l’incapacité de faire face aux logiques d’intégration d’une immigration massive avec une population paupérisée. Retour donc à la description de la cité marchande, source de  segmentation des espaces caractérisés par un manque d’appropriation. Même si de nombreux efforts textuels sont faits pour développer la démocratie de proximité.

 Développement durable et espace temps

Il importe également d’intégrer la dimension développement durable dans l’esprit des Sommets de la terre, ces rencontres décennales entre dirigeants mondiaux, visant à démontrer la capacité collective à gérer les problèmes planétaires. Le dernier en date est celui de Rio en 2012 qui a réaffirmé la nécessité de respecter les contraintes écologiques.

Reste que concevoir les espaces urbains suppose de s’appuyer sur la mémoire des lieux pour penser le futur. Mais il faut pour cela du temps. Et le syndrome de l’écart entre le moment où l’espace est pensé et celui où il se réalise est réel : la société dans toutes ses composantes y compris technologiques a évolué entre temps…

Pour une sobriété de l’action publique

L’atelier de l’Entente s’est ensuite tourné vers une expérience de la Ville de Paris dans le cadre de son expérience d’une politique développée en faveur des enfants. Mireille PILLAIS et Fanny PIESSEAU ont beaucoup insisté sur des éléments méthodologiques visant à associer les  bénéficiaires à la construction des politiques publiques. Les actions collectives sont généralement pensées par les travailleurs sociaux, mais il convient de le faire avec les intéressés. Personne n’est propriétaire de l’action collective et il faut laisser les initiatives s’épanouir. Cultiver la biodiversité des initiatives est un art et comptons sur la viralité des enthousiasmes pour stimuler les engagements de chacun. Faire du bénéficiaire un co-producteur de la prestation le fait devenir en quelque sorte citoyen plutôt qu’usager du service public. Reste ensuite à l’administration de ne pas se perdre dans le foisonnement des propositions mais bien plutôt de les réunir en bouquets et d’éviter la dispersion des moyens pour rendre les politiques publiques plus sobres car mieux adaptées aux besoins.

Pour des laboratoires d’innovation sociale

Cécile DUPRE LATOUR avait pour objectif de nous réenchanter en décrivant sa stratégie d’aller vers les citoyens en capitalisant ses indignations mais en labourant pour récolter les idées, les envies dormantes en identifiant les énergies pour mieux essaimer. Parmi les ateliers publics mis en place notons : prison/rebond, l’entraide des femmes, la gestion des biodéchets, la permaculture. Start Up de territoires met en place une structure ad hoc pour stimuler les groupes de travail désireux de monter des projets en veillant rapidement à leur autonomisation via des accompagnateurs, construire une chaîne de solidarité entrepreneuriale, stimuler les enthousiasmes et créer des bulles de solidarité et de confiance.