L’entreprise par nature doit dégager des bénéfices. Pour investir dans l’outil de production, qu’il s’agisse de biens ou de services, et pour rémunérer les actionnaires qui participent au capital d’une activité créatrice de valeur ajoutée et support d’emplois salariés. Son évaluation porte sur des critères de performance financière, d’autant plus à l’heure de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie. La rentabilité financière, l’optimisation des coûts sont au cœur des dispositifs de contrôle de gestion.

Mais aujourd’hui, la question de la protection de l’environnement, de la résorption des inégalités sociales devient prégnante. Au point d’influer sur la stratégie des consommateurs et faire évoluer les pratiques de gouvernance au sein des entreprises et de manière profonde. Plusieurs fonds de gestion d’actifs se mobilisent pour orienter les investissements vers des entreprises qui orientent leur stratégie en tenant compte d’un bénéfice sociétal tant sur le plan environnemental que social et économique.

Au-delà des tenants du « green washing » qui ne font que colorer à des seules fins marketing leur activité avec quelques critères « verts » sans pour autant changer en profondeur leur pratique, nombre de conseils d’administration ou de directoires commencent à infléchir leur trajectoire dans une approche systémique pour produire avec des exigences qualitatives sérieuses. La loi PACTE a d’ailleurs introduit le concept d’entreprise à mission. Promulguée en mai 2019, elle a introduit des modifications dans le code civil pour préciser que « La société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité » et que « les statuts peuvent préciser une raison d’être, constituée des principes dont la société se dote et pour lesquels elle entend affecter des moyens pour la réalisation de son activité ».

Comment dans ce cadre aborder la question de l’évaluation et dépasser les stricts indicateurs de performance financière ? Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’un des outils classiques de mesure de performance en explorant les possibilités de l’adapter pour tenir compte des nouvelles exigences qualitatives.

Il s’agit de l’indice BSC (Balance Score Card) conçu par Norton et Kaplan en 1996. Cet outil de contrôle de gestion s’appuie sur un concept de « chaîne de causalité » et se présente comme une combinaison d’objectifs et d’indicateurs financiers classés selon 4 axes d’analyse : financier, client, processus internes, innovation et apprentissage.

Pour évaluer une stratégie durable, les chercheurs ont imaginé deux options possibles. Soit rajouter une cinquième branche permettant d’identifier la création de valeur en termes de protection de l’environnement, de « justice sociale » ou de développement économique au service d’un territoire. Mais avec le risque de « siloter » et de ne conserver en premier plan que l’indice de performance financière et d’adopter une stratégie RSE d’opportunité. Soit d’identifier cette composante qualitative transverse à travers les 4 axes de l’indice.

La porte est donc ouverte à l’innovation pour générer un instrument de mesure susceptible de faire progresser la traçabilité des activités des entreprises au service du « bien commun ». Promouvant   l’exemplarité, cette traçabilité permettrait de valoriser le concept de « soutenabilité » de notre économie et de rendre vertueux l’ensemble des acteurs économiques et des parties prenantes. Et si nos « entreprises territoriales », exerçant par nature au service du bien commun, revisitaient à ce prisme de création de valeur l’ensemble de leurs politiques publiques ?

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