Ou comment Bruno Paulmier, Président de l’ADT INET nous incite à la mise en mouvement vers la transition…L’audace et la lucidité sont au coeur de nos valeurs territoriales. Il nous livre avec humour et détermination ses alertes.
« En cette période à bien des égards inédite, le temps d’un instant, faisons comme de nombreux observateurs, ôtons l’un, osons l’autre.
Masque : objet de toutes les convoitises. D’abord en rupture de stock et destiné aux soignants et aux malades, il est devenu bien d’autres choses. Une unité de mesure de la folie médiatique, un étrange paradoxe illustrant les relations entre la Chine et le reste de l’économie mondiale. Le régime lui a d’abord préféré le bâillon contre les lanceurs d’alerte sanitaire. Et tandis qu’il ne servait plus depuis quelques semaines à protéger sa population contre l’ahurissante pollution atmosphérique due notamment à la préférence pour le charbon, le régime vient d’en faire une arme de guerre économique : nouveau produit phare de son exportation, nouvel atout de charme à l’intention des pays du sud et du nord sur lesquels il jette son dévolu. La nouvelle route de la soie dit-on.
Et voilà les collectivités locales françaises engagées, bien malgré elles, dans la course frénétique à la commande, à la livraison et à la distribution. De nouveaux indicateurs de la performance publique et de la concurrence territoriale sont nés ?
Masque : dispositif destiné à préserver l’anonymat, à dissimuler sa véritable identité et ses intentions. Peut éventuellement servir à commettre un hold up, sur la vérité, sur les libertés, sur l’avenir. Certaines de nos économies dites développées s’effondrent sous nos yeux comme des châteaux de cartes. A la vitesse d’extension d’une pandémie au milieu d’une population sans protection sociale ou à celle d’un chômage de masse qui va frapper sans résistance, en exacerbant les inégalités. L’action publique à l’échelle mondiale sort et sortira grandie de cette crise. Il faudra prendre le temps de dire pourquoi, de vouloir comment, de refaire société. De mettre fin aux distanciations sociales et aux barrières délétères érigées à la faveur de la vertigineuse croissance des inégalités.
Masque toujours. Quand il y a du flou, il y a un loup. Le masque de l’orthodoxie financière qui tombe révèle le vide. L’absence de réelle stratégie pour l’économie et la finance mondiale. Quelles leçons ont été tirées des crises précédentes ? La solution de celle-ci sera-t-elle seulement l’explosion de la dette publique, gagée par quelle confiance ? La reconstitution la plus rapide possible des moteurs traditionnels de « l’économie réelle » non soutenable et destructrice des conditions de vie future, à savoir la consommation de masse, la gabegie d’énergies fossiles, les dépenses militaires, un investissement civil privé et public pas toujours écoresponsable ? Le Green Deal européen est-il déjà mort-né ? Le débat est-il vraiment clos ?
Beaucoup d’écrits passionnants fleurissent, les meilleurs penseurs ont pris la plume, lisons, en toute liberté. Même si une grande partie d’entre nous, cadres territoriaux fortement mobilisés ne sont pas précisément désœuvrés ni confinés… Prenons nos distances, un peu de recul, profitons-en pour remuscler un peu notre ceinture de motivation, lucidité, capacité à agir. Quand nous en aurons fini avec cette crise sanitaire, la transition nous attend. Elle s’impose. Il va falloir non pas reconstruire à l’identique mais nous saisir d’une opportunité pour remettre les choses à l’endroit. Le service public à la française jouera un rôle clé. Si vous le voulez bien. »
Bruno Paulmier