La question du sens au travail ne date pas de la pandémie du COVID19, ce sujet animait déjà bien avant 2020 des colloques, formations du CNFPT et inspirait au-delà des chercheurs en sciences de gestion, y compris les  philosophes, on pense par exemple aux interventions d’André COMTE-SPONVILLE avec cette célèbre phrase répétée dans des séminaires de management : « le manager est un professionnel du désir de l’autre » !

Mais la crise sanitaire a comme dans bien d’autres domaines, servi de caisse de résonance et la quête de sens au travail est devenue l’objet d’attentions multiples avec des interrogations majeures sur la place du travail dans la vie de individus et qui s’expriment au travers de mots et de concepts : « bullshit jobs », « quiet quitting », « grande démission »…

Pour tenter d’aller au-delà de ces concepts, on peut se poser la question de la mesure du sens au travail et c’est ce que proposent les auteurs d’un ouvrage paru au Seuil ce mois-ci, dont vous pouvez retrouver une courte synthèse dans la Revue Futuribles dans cet article. Le site Métis a également consacré un article à l’ouvrage que vous pouvez retrouver ICI.

Les auteurs de « Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire », Coralie PEREZ, socio-économiste et Thomas COUTROT statisticien et économiste, ancien Directeur du département conditions de travail de la DARES, sont donc des spécialistes de la mesure, ils sont allés à la rencontre des enquêtes de mesure du rapport au travail des individus.

Et que confirment-ils de l’analyse des dernières enquêtes sur le travail ? Que le sens au travail peut être objectivé à travers 3 dimensions : le fait de se sentir utile aux autres, le respect de valeurs éthiques et professionnelles, la possibilité de développer ses capacités. Ils mettent également en évidence la place des conditions de travail devant la rémunération.

Des constats objectivés par des enquêtes menées par la DARES, auxquelles il est utile de se référer, soit parce qu’elles vont conforter les actions managériales déjà engagées, soit parce qu’elles vont permettre au contraire de les réorienter, ou de dépasser des « mots concepts », qui ne rendent pas toujours compte du réel vécu au travail.

La réflexion derrière ces travaux s’appuie sur une compétence du manager indispensable, celle de l’écoute active, car s’il est un « professionnel du désir de l’autre », le manager est aussi là pour créer les conditions favorables à l’émergence du sens que chacune et chacun souhaite donner à son travail, et ce quelle que soit sa fonction au sein de l’organisation.