Les ETS 2018, grand rendez-vous annuel des dirigeants territoriaux, organisé par le CNFPT avec l’INET en fer de lance, ont  relevé cette année 2 défis: celui de réunir plus d’un millier de cadres dans une ville meurtrie quelques jours avant par un acte barbare et de s’attaquer à une thématique sociétale forte: expérience usager, espérance démocratique.

Réenchanter la démocratie!

L’ADT INET, qui avait, lors d’un atelier monté par Laurence MALHERBE, alors présidente, il y a  5 ans, invité Joe SPIEGEL pour parler de l’organisation du débat public, a goûté à nouveau le récit de son expérience et de ses convictions. Joe Spiegel, Maire de Kingersheim, fort de son projet collectif dans sa commune et de son implication dans le mouvement politique émergent « place publique », nous a exhortés à réenchanter la démocratie. Dans ce qu’elle a de plus essentiel : celle d’éviter la prescriptocratie et de veiller à ce que le citoyen lui-même soit fondé à faire part de ses besoins et qu’il se sente lui-même co-responsable du « bien commun ».

Promouvoir la « slow démocratie »

Bien des dispositifs de démocratie participative existent au gré des avancées législatives qui tentent d’accompagner un nouveau pacte social. La seule difficulté, c’est qu’ils conduisent le plus souvent à des opérations de communication destinées à convaincre les récalcitrants et informer les « affidès ». Emerge alors le syndrome « TLM » : toujours les mêmes ! A l’exception bien sûr de la foule des anonymes. Joe SPIEGEL a fait l’expérience dans sa collectivité de la « slow démocratie ». Pour faire de l’usager un citoyen responsable, cela demande du temps et de la pédagogie. Il engage les élus et les territoriaux à devenir les artisans d’une méthode Montessori ou Freinet pour faire que chaque habitant s’engage, prenne la mesure du collectif et des enjeux. Et qu’enfin le débat public soit « élevé ». Cela suppose de donner à chacun le même niveau de connaissance (une sorte de juré populaire), de préciser les objectifs non négociables car l’objet n’est pas de remettre en cause l’élection des représentants du peuple. D’adopter une méthode pour fertiliser les points de vue, permettre à chacun d’élargir son angle de vue et sortir de sa bulle individualiste dans un esprit constructif. Non aux cahiers de doléance, oui aux cahiers de bienveillance visant à mieux vivre ensemble.  Le tout appliqué à un panel citoyen désigné par tirage au sort et l’expérience fait état d’un taux de retour de 1/6 volontaires ce qui est très encourageant en tant que mesure de l’implication citoyenne.

Courage et énergie

Les porteurs de ce type de projet, on s’en doute, doivent y croire et se débarrasser de toute certitude. Il y a des inerties bien sûr car le citoyen usager est souvent victime de postures consuméristes vis-à-vis des services publics. Il appartient aux animateurs, élus comme territoriaux, liés par une dynamique managériale harmonieuse,  d’avoir de l’énergie, du courage pour que tout habitant de la cité acquiert en lui une dimension du don pour construire le bien commun et avoir plaisir à partager ses visions, ses forces comme ses fragilités.