Revisitons notre gouvernance avec Aristote…
Tel est le défi que s’est fixé B.Girard dans son ouvrage : « Aristote : leçons pour (re) donner du sens à l’entreprise et au travail »
Aristote connu pour ses écrits sur la Politique, l’Ethique, développe des théories morales sur les vertus dont l’homme doit être doté pour bien vivre dans la cité et accéder au bonheur. Mais avant tout, c’est de sens dont il a besoin : « Tout être capable de vivre son propre dessein doit se fixer un but pour bien vivre : honneur, gloire, richesse ou culture et les yeux fixés sur lui, il posera tous ses actes (…). Il faut donc déterminer en soi-même,
sans précipitation et sans négligence, ce qui en nous constitue le bien-vivre et ce sans quoi les hommes ne sauraient y accéder. »
Estime de soi et lien social
L’homme est un animal politique et ne peut accéder à l’estime de soi que dans le lien social qu’il tisse avec les citoyens de la cité. La sollicitude (la prise en compte d’autrui) associée à un égoisme mesuré est une des clés de motivation. Par exemple, la quête d’un gain de rémunération individuelle n’est pas facteur à terme de productivité sauf s’il s’accompagne d’une logique de performance collective. L’important est de créer des organisations qui consolident les liens entre les membres. L’ »amitié » entre les membres d’une organisation au sens du principe de solidarité constitue le ciment essentiel pour permettre la production de biens ou de services dans des conditions optimales, sans les frottements organisationnels liés à une certaine forme de démotivation et d’individualisme.
Les secrets de la prise de décision
Concernant la gouvernance, le pouvoir de nommer et de donner des ordres qualifie le responsable. A condition qu’il ait pouvoir de « délibérer » car sa prise de décision n’aura de sens que si elle s’appuie sur un collectif. Et l’auteur de se référer à Thucydide citant Alicibiade : « Le vrai secret de la force est d’associer en les mêlant , le moins bon, le moyen et le vraiment parfait ». Construire des compromis et tenir compte des avis d’autrui forge la réflexion et garantit la qualité de la prise de décision. A noter toutefois qu’on ne « gouverne » pas tout le monde de la même manière, que tout le monde n’est pas fait pour « gouverner » et
que pour gouverner il faut avoir préalablement appris à « obéir ».
Les limites de l »analogie avec nos Anciens
Mettons, en restituant dans notre contexte de mondialisation, de crise économique, qu’Aristote transposé nous éclaire sur la gestion de la diversité, sur les nécessaires qualités managériales (en premier lieu l’intérêt porté à l’ »âme » des autres, (ce qu’Axel Kahn décline comme « sois raisonnable et humain ») et sur la valeur d’exemple et de transmission. Faute de quoi nous pourrions croire à un fléchage quasi dynastique du dirigeant, ce qui irait à l’encontre de nos valeurs de service public d’adaptabilité et de mutabilité. Consommons nos « anciens » avec modération, humilité et dans la limite de l’exercice de transposition dans des contextes distincts…(ndlr !) .