Le Cercle des Acteurs Territoriaux, animé par Hugues Périnel, poursuit sa ligne éditoriale par une nouvelle production consacrée à « temps de crise et crise du temps ». Ce livrable, ponctué de références sociologiques et philosophiques pour oxygéner nos neurones, offre des pistes d’atterrissage intéressante pour optimiser la gestion de nos organisations.

D’abord un constat sur les temporalités de l’action publique. La plupart des décideurs sont aujourd’hui pris dans un processus d’accélération des temps, de démultiplication de l’information au point qu’il devient impossible de faire des pauses salutaires et de réfléchir sur du temps long. L’hyperréactivité devient une posture obligée et apparaît synonyme de qualité de service. Or l’important est de bien maîtriser ses temps : celui de la réponse rapide mais aussi celui de la réflexion prospective. Sans compter la nécessaire articulation entre les temps professionnels et les temps de vie. Réfléchir au sens de l’action publique, à la soutenabilité des priorités supposent d’avoir des organisations fluides, déléguant auprès des managers de proximité et laissant le temps aux élus comme au niveau hiérarchique supérieur de penser l’après dans une saine concertation avec les acteurs de terrain.

 

L’appréhension des temps de l’action publique se trouve également télescopée par l’irruption du citoyen dans le débat. Nul n’est besoin de rappeler la montée des individualismes, le retrait progressif de l’art de la délibération et l’attitude assez consumériste du citoyen en regard du collectif. La notion du bien commun n’est pas partagée par tous. De plus, l’action publique se trouve coproduite par un certain nombre d’acteurs tant publics que privés qui n’ont pas tous les mêmes impératifs ni la même notion des temps. Difficile parfois de faire converger les priorités.

 

La production de services publics engage le plus souvent à des réponses immédiates pour répondre à des problématiques dites d’urgence. Or il importe de la replacer dans une frise chronologique qui nous permette d’observer le présent à l’aune du passé tout en profilant l’avenir. Un avenir conditionné par une urgence climatique, une urgence sociale voire une urgence économique dans des territoires parfois totalement privés d’outils de production tant agricole qu’industriel et de main-d’œuvre qualifiée. Si les projets du passé étaient portés dans une perspective de croissance, il s’agit aujourd’hui de les restituer dans un contexte de rareté de la  ressource. Un changement de paradigme qui va nécessairement impacter la gestion du temps de la décision, des projets et de leur mise en œuvre.

 

Avoir le temps de prendre le temps devient un luxe mais également une nécessité. La gestion de l’incertitude suppose beaucoup de flexibilité dans la conception des projets. Il faut savoir jouer avec les temps sans négliger la prospective et la recherche d’une vision qui donne le cap.

C’est à cette réflexion que le cercle des acteurs territoriaux s’est attelé en prenant  le temps des échanges, des confrontations de points de vue et de l’apport des réflexions d’experts extérieurs. Une manière intelligente d’ouvrir les esprits et de mettre en mouvement les managers au sens large, les managers territoriaux en particulier.

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