En ce jour de défense des droits des femmes, impossible de ne pas évoquer sur notre site, une attitude peu connue et pourtant bien présente dans nos organisations, le « manterrupting », terme anglo-saxon désignant une attitude des hommes dans les conversations, qui ont la fâcheuse tendance à couper la parole des femmes !
Que nous animions des réunions, que nous soyons intervenant(e), ou que nous animions des événements, autant de circonstances diverses et variées propices aux attitudes de « manterrupting ».
Cette pratique est très largement inconsciente, y compris pour les femmes qui ne se rendent pas compte de la situation quand elle se passe, tant il est vrai que nous sommes bien convaincues d’être trop bavardes, croyance bien ancrée dans notre culture, on dit bien que « les femmes sont des pipelettes »!
Et pourtant, les études essentiellement anglo-saxonnes sont nombreuses à objectiver ce phénomène, plusieurs articles de presse parus ces derniers jours sont revenus sur ce phénomène et sur les réactions plus ou moins intuitives des femmes pour s’adapter à ce qui est bien une censure de la parole.
On peut toujours considérer que les femmes ont moins droit à la parole que les hommes, chacun fait ce qu’il veut dans sa sphère privée, mais en tant que cadre territorial, que l’on soit un homme ou une femme, car les femmes ont également leur part de responsabilité dans la persistance de ce phénomène, nous avons le devoir de nous assurer que dans le travail la parole de toutes et tous est entendue avec la même attention, au risque de se priver d’informations importantes, de connaissances et donc au final d’une performance moindre des systèmes décisionnels.
Le mieux c’est d’expérimenter ce phénomène, c’est ce qui m’est arrivé récemment, lors d’un colloque auquel j’assistais. L’animateur a coupé la parole des trois femmes qui sont intervenues durant la journée, les empêchant de répondre précisément aux questions posées, allant même jusqu’à interrompre une présentation.
Cette attitude, impolie bien qu’acceptée, doit être dénoncée dès qu’elle est constatée et en tant que femme, nous devons rester vigilante lorsque nous sommes exposées à ces situations. Nos organisations ont plus que jamais besoin de l’intelligence collective de tout le monde, hommes, femmes dans le respect de la personne humaine et de ses richesses.