Le dictionnaire britannique Oxford en a fait le mot de l’année, il s’agit du terme de « post-vérité » dont l’usage a augmenté de 2 000% en 2016. C’est ce qu’indique le quotidien Libération, dans un article paru le 16 novembre dernier.
Cet adjectif fait référence «à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles», selon la définition du dictionnaire.
Et que constate-t-on depuis des mois dans les discours politiques, mais aussi dans la plupart des médias, mêmes les plus « sérieux », si ce n’est des affirmations, des proclamations de chiffres sur le nombre des fonctionnaires, leur augmentation exponentielle, leur absentéisme, leur temps de travail, sans aucun lien avec des faits objectifs, si ce n’est en les sortant de leur contexte, ou par des raccourcis ou des biais.
Le phénomène de post-vérité est largement emprunté pour commenter les derniers scrutins en Grande Bretagne et aux USA, le nouveau président Donald TRUMP n’ayant pas hésité à affirmer des contre-vérités (exemple le plus affligeant, avec le lieu de naissance du Président Barack OBAMA), qui sont démenties, sans même s’accompagner d’excuses de la part de l’auteur ou de regrets d’imposer ainsi le mensonge dans la parole publique.
La manière avec laquelle les fonctionnaires dans notre pays sont l’objet d’attaques incessantes s’inscrit bien dans cette ère de la post-vérité et on peut craindre que les démentis là-aussi ne s’accompagneront pas toujours de la part des auteurs, de la moindre excuses, pour instrumentaliser ainsi l’opinion publique et opposer les catégories professionnelles les unes aux autres.
Il est intéressant de voir que ce phénomène s’attaque ainsi à celles et ceux qui assurent des missions d’intérêt général, de solidarité, que d’aucuns voudraient par idéologie uniquement, supprimer ou confier au secteur privé, décrété comme plus efficace, là-encore, il s’agit d’une post-vérité, car non caractérisée par des faits objectifs.
A l’approche de la campagne pour l’élection présidentielle, pour laquelle certains ont déjà décidé de faire de la question des fonctionnaires, un enjeu politique, nous devons faire preuve de vigilance et ne pas laisser dire n’importe quoi ! c’est l’occasion de rétablir les faits objectifs, en s’appuyant sur les résultats de l’action publique, la qualité des services publics en France au regard des objectifs de politiques publiques, les études et les rapports, en citant par exemple le Rapport de Philippe LAURENT sur le temps de travail dans la fonction publique, l’occasion de rendre hommage à un élu local, ardent défenseur des services publics locaux.
Il est temps de lancer une campagne de désintoxication contre le « fonctionnaire bashing », car il ne faut pas perdre de vue l’enjeu démocratique et ne pas laisser s’installer dans notre pays une idéologie stigmatisante, sous couvert d’une prétendue efficacité économique.
Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter l’émission La Grande Table de France Culture qui recevait le 06 janvier la sociologue et politologue Dominique SCHNAPPER, membre honoraire du Conseil Constitutionnel. Instructif pour les agents publics…
Et que vive le service public !